La chasse est finie !

Ciel gris sombre, masse d’un blanc plus sombre encore s’il se peut de la montagne lourde d’hiver. La traversée du grand champ enneigé, Rimski et moi la voudrions silencieuse, Rimski surtout tout tendu vers les bêtes en lisière, mais Nouchka en décide autrement, qui considère à l’instar d’un gosse en présence d’une piscine qu’un tel lieu est par définition consacrée aux jeux et qui, par conséquent, saute sur Rimski en jappant dans les aigus. Malgré le vacarme du Gelon en contrebas, chevreuils, renards et cerfs savent que nous sommes là, ce qu’ils interprètent je l’espère comme une bonne nouvelle : quand le promeneur aux chiens blancs est de sortie, c’est que la chasse est finie.
On rejoint le sentier du torrent en passant par-dessus les ronces recouvertes de neige, qui rebondissent sous le pas. Ici la neige a fondu, transformant le sentier en torrent boueux ; plus loin c’est de la glace dure et profonde qui forme une vraie patinoire.
Cela fait un moment que je ne suis pas passé par là et des arbres en mon absence sont tombés, sur lesquels on passe en courbant l’échine ou en sautant. On traverse ainsi les deux passerelles, puis l’on bifurque à travers bois jusqu’aux premières traces laissées par le quad. Ici aussi le sol du sous-bois a été partout gratté par les sangliers les chevreuils. Voici les trois familiers de La Martinette qui bondissent sur la crête herbeuse d’en face, trois silhouettes d’une fine élégance. Un grand pic noir très pressé traverse le ciel gris.
04/01/25


