La neige

La neige est revenue, recouvrant de quelques centimètres d’hiver les fleurs et les jeunes pousses, les cadavres des grenouilles, mais pas les chants. On se réveille à l’aube au cœur de ce paysage hivernal qu’accompagne pourtant une symphonie printanière. Cette nuit encore les hulottes ont chanté, les renards ont glapi, et l’on fait l’inventaire sans même sortir du lit : rouges-gorges, rouges-queues, pinsons des arbres et du Nord, fauvettes à tête noire, pics et sittelles. Puis le chat Plume, le dangereusement nommé, participe à sa consternante façon en ramenant dans sa gueule un rouge-gorge mort qu’il s’en va dévorer en grognant devant sa gamelle (on ne dira jamais assez à quel point les chats domestiques sont un désastre écologique…).
Dans les champs et les bois les traces sont à nouveau visibles, qui ne font que confirmer les présences familières. En contrebas du grand pré, voici un chevreuil d’assez petite taille pourvu de bois qui ne sont plus en velours, avec, me semble-t-il, La Brune et son petit. Tous les quatre détalent vers La Martinette. Le soleil atteint la lisière, à l’endroit précis où Rimski choisit de marquer (il s’était retenu pour cela). Juché sur une fine branche, la grive musicienne se lance dans de folles improvisations roulées, trillées, avec des ruptures de tonalité et de rythme qu’aucun humain ne s’autoriserait.
19/03/25


