Journal d’un méliphile, mai 2025

 

Carnet d’observation (4 au 9 mai)

 

 

« Devenir diplomate animal exige des exercices spirituels, pour accéder à la grande vie du bios depuis la petite vie de l’espèce, et la vie microscopique de l’ego. On peut évoquer (…) l’ascèse d’une description éthologique sans interprétation (…), l’analyse extensive de documentaires animaliers sans le son (…) ; puis exercer une sensibilité à la poésie des manières d’être vivant. »

Baptiste Morizot, Les Diplomates

 

 

4 au 5 mai, gueule du bas. Pluie continue, autour de 16°C.

17h42, première sortie de six minutes des deux jeunes qui fouillent et grattent le sol avec le museau et les griffes, mangent quelque chose (lombric ? insecte ?).

18h30, il pleut, la mère sort suivie des petits (l’un hésite, je le nomme Prudence) et ils descendent. À 18h31 l’un remonte, redescend, revient en couinant se cacher dans le terrier ; à 32 la mère et l’autre blaireautin (je le nomme Courage) reviennent. Touchante scène de tendresse avec petits coups de pattes et marquage corporel.

1h01, sortie de Courage, rejoint à 1h35 par Prudence. Courage mord le derrière de Prudence et lui donne des coups de patte pendant qu’iel enfouit son museau dans le sol. Mangent, jouent, se chamaillent, griffent et mordillent le tronc.

1h58 Vara revient trempée. 2h11, un mulot sylvestre s’attarde devant la gueule.

3h02, sortie des petits, rejoints par leur mère. Tous grattent le sol et cliquettent, et bavardent (oh ! les dents de Vara ! la belle mâchoire à la mandibule inférieure soudée et d’autant plus puissante !), puis prennent le chemin du bas sans hésiter (deux petites queues, une grande) et remontent à 3h13, Vara toujours en tête. Ils ressortent à 3h25 et reprennent le chemin du bas, Vara en tête, reviennent à 03h28 : que d’allées-venues… Un mulot passe.

3h40, Vara ressort sans les petits et descend (mais que vont-ils tout le temps faire en bas de la tanière ? Je ne trouve pas de latrines, et la mare est bien plus loin, mais je suppose qu’ils vont se nourrir car il y a des trous nombreux et de petite taille).

3h57, les petits ressortent à la queue leu leu. Courage remonte, Prudence regagne le terrier (impossible de les différencier, je nomme donc « Courage » le blaireau ou la blairelle qui fait le plus preuve d’allant et « Prudence » celui ou celle qui paraît hésitant-e).

4h20 Sortie des petits : Courage descend, suivi-e par Prudence une minute après, qui semble aller le-la chercher (mais iel ne s’était pas éloigné-e de plus d’un mètre), puis Courage mordille la queue de Prudence. 4h26 Courage redescend, suivi-e par Prudence. Remontent à 29, rentrent à 30.

5h17. Vara remonte trempée, rentre fourbue, pose son parapluie à l’entrée puis referme en baillant la porte du terrier.

 

Le trio, vu de dos, quitte le terrier.

 

5 au 6 mai, gueule du bas. Temps sec, autour de 7°C.

18h24, Vara sort et descend aussitôt, les petits sortent ensuite mais ne la suivent pas. À 18h48, tous deux hument et fouinent. Courage descend un peu.

18h51, ils se mordillent, se donnent des coups de pattes comme des chats puis roulent dans le terrier.

0h49, les petits ressortent. Courage descend pendant que Prudence prend un cône de pin dans sa gueule, le pousse du museau, le délaisse, se laisse glisser sur le sol, griffe les racines, finit par s’éloigner un tout petit peu vers le bas, mange quelque chose. À 1h Courage remonte, Prudence sort du terrier et tous deux se mettent à jouer : Courage fait mine d’attraper Prudence en se laissant glisser vers le terrier à chaque fois. Tous deux griffent le sol. Courage saute sur place, Prudence continue à fouiner et se gratte. Courage (?) finit par attraper Prudence (?) avec ses pattes avant, le-la mordille à la nuque. Tous deux remontent.

3h37, intermède mulot sylvestre.

4h34, les blaireautins ressortent, Prudence un peu tiré-e par Courage, qui n’arrête pas de le-la mordiller.  Scène de jeu, se tirent par la queue. L’un des deux descend un peu puis remonte.

4h58, retour de Vara trempée, fourbue, elle ne s’attarde pas.

 

 

6 au 7 mai, gueule du bas. Temps très couvert, autour de 8°C.

16h02, les blaireautins font leur première sortie visible (un positionnement du piège dans l’enfilade du terrier me permettra ensuite d’apprendre qu’ils restent souvent à l’entrée du terrier l’après-midi).

18h44, scène de jeu particulièrement vigoureuse. La blairelle les rejoint. Vara et Courage s’en vont par le haut, Prudence reste au terrier, puis Courage revient seul-e. La pluie tombe, les petits se chamaillent en cliquetant et rentrent au terrier.

2h10, les blaireautins ressortent, suivis de la blairelle. Divers couinements. On la voit et on l’entend leur parler. Scène très touchante. Ils descendent ensemble, remontent. Nouveaux et nombreux échanges vocaux (16 à 19 sons différents ont été répertoriés, moi je n’y comprends rien). Vara redescend, Courage hésite à la suivre puis renonce.

2h26, les blaireautins ressortent et jouent, se mordillent, descendent, remontent à 2h34, remontent, redescendent…

5h27, retour de Vara trempée, fourbue, vite au lit.

 

 

8 au 9 mai, gueule du bas. Temps couvert, autour de 10°C. 

15h19, Courage sort, suivi par Prudence qui reste caché-e dans le terrier, n’émergeant vraiment qu’à 25. Tous deux jouent sur l’esplanade étroite devant le terrier (Prudence caché-e à l’intérieur) jusqu’à 15h27.

18h56, sortie de Vara, qui descend, puis aucune activité (pendant que sont filmées ces images du piège photographique, je suis en affût). Quelques mulots.

2h34, sortie blaireautins, qui grattent le sol en quête de nourriture devant le terrier. Ils descendent, disparaissent à 2h46.

3h45. Ressortent du terrier (qu’ils ont donc rejoint par une autre entrée).

4h58, Vara remonte trempée, mamelles très apparentes (elle allaite donc encore).

 

 

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