Vigie, juillet 2013

 

 

 

SEUL

 

 

Une fois de plus dans le rêve ma grand-mère était vivante et je lui parlais. Elle avait un visage paisible, lisse, rajeuni, un peu trop pâle quand même, comme si la dernière image d’elle allongée sur son lit de mort et rendue méconnaissable par le travail des pompes funèbres et de la maladie s’était superposée à l’image habituelle. Au réveil cependant, je me souviens et la perds à nouveau.

La maison de mon rêve était encore peuplée par les enfants et Nathalie, que je venais pourtant d’accompagner à la voiture avant leur départ nocturne. Au réveil la maison est bien vide et le silence en fait une sorte de temple (parler de tombeau serait quand même excessif). Je marche à travers les pièces avec encore la crainte, si ancrée, de réveiller les petits. Cela fait trois heures maintenant qu’ils s’éloignent de moi.

Seul dans la maison pour une dizaine de jours et pourtant calme, sans larmes, affairé comme s’affairent les rougequeues et les débroussailleuses. Image nette des cinq brindilles du poirier sur fond de ciel d’été. Rumeur des oiseaux, des clarines, des tracteurs. — Il y a quelques jours s’est posé à la fenêtre un oiseau jamais observé, une fauvette épervière, ce qui a réveillé l’envie de guetter les oiseaux.

Puis je sors m’installer sur la terrasse que le soleil commence à réchauffer et me livre à ce petit jeu de lumière et d’ombre, la plume dorée traçant les signes noirs à l’endroit précis où elle rejoint son ombre.

 

8 juillet 2013 

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