La beauté vue de loin (Camargue, avril 2012)

 

 

Le vent

 

 

Dans la nuit, vers quatre heures, les meuglements des taureaux me réveillent en sursaut (j’ai d’abord cru que des fous avaient mis la musique à tue-tête). Je reste longtemps à écouter les bêtes et le vent, le vent et les bêtes, puis le silence des bêtes et le mugissement du vent.

Temps gris au réveil, et grand vent assommant. Je marche à contre-vent jusqu’à la barrière verte. Beaucoup d’espace. Les cris électriques des oiseaux d’eau. Les roseaux. La chienne renifle l’endroit où se tenaient les canards juste avant leur envol, puis museau au sol suit une piste. Les cris des oiseaux sonnent comme des questions, auxquelles répond péremptoirement la lumière qui soudain illumine la paille des champs. Nos ombres défilent dans cette lumière parfaite.

De nouveau l’allée aux platanes, les friselis sur l’eau, la terre claire qui prend si bien la lumière. Pression des cailloux coupants à travers la semelle trop fine des bottes. Sifflements du vent dans les fils électriques.

10 avril 2012

 

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