ON TOURNE !
Ces quais de la Seine en face de Notre-Dame (quatre ans avant le grand incendie), chacun aujourd’hui les arpente avec une allure de pigeon, lentement, en dodelinant dans l’ivresse estivale. Le vent tiède fait scintiller les peupliers et apporte des bribes d’accordéon, de rires, de cris de mouettes, de sirènes. À main droite on tourne un film. Léo dessine dans son carnet le Pont aux Cadenas, et Clément un serpent jaune fluo. Je regarde les cadenas en trouvant cela stupide (en jalousant peut-être aussi ceux qui sont assez naïfs pour cela). Le temps s’étire tièdement.
Prends ton temps ! dis-je au nuage qui se presse derrière Notre-Dame, et l’on refait la scène de la bise : air préoccupé, rencontre impromptue.
Ici aussi on refait la scène de la balade en bord de Seine. On a seulement changé l’éclairage, la saison et le nombre des figurants. On tourne, on tourne en rond c’est sûr − en se forçant à croire qu’on agrandit le cercle.
17 juillet 2015
