Route, novembre 2015

 

 

 

LA ROUTE GIGOGNE

 

Routenovembre2015habitacle

 

Dans l’habitacle du crâne

quelle panique quelle pagaille

d’idées en vrac de bribes de pensées

informulées informulables

de désirs de fatigues de feuilles froissées

de souvenirs de saisons emmêlées

de neurones et d’images.

 

Dans l’habitacle du corps

ça circule sans affolement

(pour l’instant)

le cœur pulse, fait tourner la machine

(pour l’instant)

aucun encombrement dans les artères

ça passe, ça bat sur un bon rythme rassurant

les ligaments les tendons tiennent bon

les os ne grincent qu’à peine ici ou là

ça palpite ça frissonne ça vit.

 

Dans l’habitacle de la voiture

c’est un peu le bazar aussi il faut dire

affaires jetées prospectus cailloux bâtons

on dirait une chambre d’enfant mal rangée

il y a de la poussière plein le tableau de bord

la pédale grince le plastique craque

la rouille menace et l’aiguille de l’essence

est dans le rouge. Seul le pare-brise est net.

 

Dans l’habitacle de la planète

sous les frondaisons claires des hêtres

en marge du monde chaotique

file ma familière, ma protégée

ma protectrice, ma bienveillante

route rousse

au long de laquelle je jette

ces regards ces appels ces mots

qui s’envolent aussitôt

vers le plus vaste espace de l’ultime habitacle.

 

3 novembre 2015

 

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