Route, novembre 2015

 

 

 

LE GRIS

 

Routenovembre2015gris

 

Dans ce paysage sans couleur

autre qu’ici ou là le feu atténué

d’un panneau ou d’un phare

je me détourne du noir

j’ai peu à dire du blanc

et leur préfère indubitablement

le gris

 

le gris

toutes ces gammes du gris

de l’asphalte où se reflète

le ciel plombé du ciel

 

le gris clair du béton frais

le gris sombre du vieux mur

le gris cendre des fumées

ou celui soyeux des ailes du héron

qui passe pesamment

 

le gris naguère étincelant

de la citerne de la ferme

pour le transport du lait

(les vaches, elles, sont descendues)

 

le gris métallisé de la voiture en face

le gris opaque qui masque la montagne

le gris sale de la neige écrasée

le gris bleu de la rambarde

qui sécurise ma route

le gris de l’église

le gris de la croix

le gris de la tombe

 

et puis surtout le gris banquise

le gris glacier 

riche d’hiver et de voyages

que la lumière comme une étrave entrouvre

par delà les crêtes.

 

26 novembre 2015

 

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