LES FAUSSES ROUTES
Vraie route
que surplombent et prolongent
toutes les fausses routes des songes
tu songes
à ce dimanche où tu marchais
dans les lapiaz du Granier
roulant dans l’ombre tu revois l’aigle
filer dans la lumière folle
filer
puis soudain tu te glisses
dans la peau du passant, du chauffeur
qui roule en sens inverse
du vieux sur son balcon, du collégien
qui marche vers le bourg
tu te souviens
des paroles échangées naguère sur la place
à propos d’un voyage lointain
et tu constates que depuis
quelque chose de lointain vibre ici
ainsi
les fausses routes de la fiction
ne font pas la route moins vraie
mais plus vaste, plus vive
et retissent en toi la trame indissociable
de l’espace et du temps.
Depuis le cairn du Granier
ton moi d’hier salue
ton moi d’aujourd’hui
en route vers demain.
9 novembre 2015