Route, juin 2016

 

 

 

IN EXTREMIS 

 

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Le paysan regarde avec souci les champs qu’il n’a pas pu faucher, cependant que je file vers la fin avec la légèreté de la tâche presque accomplie. La réalité redevient respirable ; nul besoin de blessures pour l’accueillir.

Je salue d’un regard la vieille paysanne qui passe avec son habituel fichu rouge et son seau à la main sur le balcon branlant de la vieille ferme.

Au virage il faut donner un très violent coup de frein pour éviter in extremis le troupeau de vaches qui, comme souvent, occupe toute la route. Un jour ou l’autre l’accident aura lieu, avec ces vaches qui divaguent ; je me dis qu’on l’a d’ailleurs frôlé, qu’il aurait suffi que je roule un petit peu plus vite pour emboutir l’arrière-train imposant d’un des bovins, lui briser les pattes, le tuer sans doute, et moi-même finir dans le décor. Tout le récit de juin en eût été changé.

Je poursuis ma route extrême que je ne rattraperai jamais, laissant là le troupeau, la peur et, sur le bas côté, un poulain serré contre le ventre de sa mère, un ânon endormi sur le dos, toutes les bêtes tapies dans la tiédeur.

 

21 juin 2016

 

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