Vigie, février 2020

 

 

 

Un jour de neige

 

 

Vigiefevrier2020neige

 

 

J’aime infiniment ce fin grésil qui orne au petit jour les branches des bouleaux, et ces petites billes d’un blanc éclatant qui dansent dans l’air de nouveau glacé. On se dit que, bien sûr, cela ne durera pas. Hier c’était le printemps et tous les enfants du village couraient en tee-shirts dans les ruelles ; aujourd’hui on partage l’étonnement du premier rouge-queue venu en éclaireur, et qui sautille sur le chemin tout blanc.

Puis l’averse s’intensifie. Ciel blanc, bourrasques sur les toits, petite tempête qui affole les oiseaux et nous fait nous asseoir aux fenêtres. Un accenteur alpin s’est réfugié tout près de la maison et volette du portail aux lilas, des lilas au portail, comme déboussolé. Des bouvreuils pivoine se posent près du poirier, puis s’envolent. Même la route est blanche à présent, et la poudreuse emportée par le vent fait de beaux tourbillons au-dessus du hangar.

France Musique diffuse une chanson de Meet me in Saint-Louis chantée par Judy Garland – film de Noël, chanson de fête. Pour la première fois depuis plusieurs années la maison est en travaux, car mon père est venu m’aider à refaire la douche de la salle de bain du haut qui fuyait (c’est là l’intitulé officiel de la mission, mais en réalité c’est lui qui fait tout le travail et je me contente de jouer le marmiton des travaux, nettoyant ou peignant un peu, allant à la ville chercher le matériel nécessaire). Ainsi, avec ce décor de neige, on se croirait revenus au temps paisible des Noëls familiaux et de l’installation dans la maison…

La fâcherie avec Léo semble déjà loin, depuis que le voici engagé dans la perspective du lycée à horaires aménagées pour musiciens : il va donc continuer de plus belle son chemin, quittant sans doute dès septembre prochain la maison pour se consacrer davantage à l’accordéon. Je l’écoute jouer « Impasse » avec son Borsini, puis avec mon énorme Pigini, et je mesure une fois encore la distance parcourue depuis 2013. Je me souviens soudain de ce livre que j’avais écrit entre douze et treize ans, dont le plan reprenait les quatre points cardinaux associés à différents paysages, et dont la dernière partie, consacrée à l’ « ouest », s’intitulait « Impasse » (je dois avoir encore ces textes dans une pochette quelque part sous les combles). Ces Impasses-là ouvrent finalement de larges perspectives…

Il neige encore. Toute la maison est enveloppée dans un fin voilage de bourrasques et de grésil. Léo travaille, mon père travaille, Clément travaille, Nathalie aussi est là et s’affaire aux tâches de la maison. C’est un jour heureux que ce dernier jour de neige.

 

 

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