Vigie, février 2020

 

 

 

Un voyage

 

 

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Un détournement d’avion nous a conduits dans une des grandes villes du Brésil, peut-être Goiana ou même Brasilia, à moins que ce ne soit Belém – que me rappellent cette sorte de presqu’île cernée par des eaux marron et l’approche périlleuse de l’avion. Après nous être échappés du hangar où nous étions retenus en otage, nous tentons de nous rendre au poste de police, mais la queue est telle que nous préférons renoncer et gagner la gare ferroviaire.

 

Longue marche sous un ciel bleu torride traversé d’aras rouges, puis voici le quai jonché de verre brisé de la gare, délabrée et déserte car, dis-je, le chaos règne au Brésil et les trains ne circulent presque plus, sauf celui qui rallie directement le pays à Beauvais. Je ferai seul ce voyage interminable qui fait fi de tout réalisme géographique : Nathalie, qui est encore là, et Léo, qui est tout petit (Clément n’est pas né) doivent prendre ailleurs un métro pour Saint-Paul-de-Fenouillet.

 

Le soir tombe. Nous passons devant une antique cabine téléphonique que je photographie sur fond de soleil couchant, avec de belles ombres et, en arrière-plan, une sorte de décharge qui ajoute une impression de fin du monde. Sur le quai, un quidam m’agresse, et je me dégage tant bien que mal. Le train est à quai. Par précaution, je glisse un Opinel dans la poche de mon jean, puis monte à bord en laissant femme et enfant sur le quai.

 

À l’intérieur règne une panique bon enfant qui rétrospectivement rappelle celle du bateau qui relie Macapa à Belém : des hamacs, des centaines de hamacs et de personnes installées un peu partout à même le sol, dans les airs ou sur des fauteuils défoncés, et je me dis que le voyage du retour sera long…

 

 

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