Vigie, février 2020

 

 

 

L’appartement

 

 

Vigiefevrier202006

 

 

J’habite un nouvel appartement où je tente de jouer du saxophone… quand mon voisin du dessus m’appelle pour me demander s’il ne fait pas trop de bruit, ce que j’interprète comme une façon polie de me suggérer d’en faire moins moi-même… Curieux appartement défraîchi, avec du papier peint beige déchiré… des jouets d’enfants dans un grand hamac tendu au-dessus du lit… des meubles qui ne sont pas à moi… un grand salon dont les contours déjà deviennent flous… Je sens que je n’aurai pas le courage de faire les travaux qu’il faudrait… je suis perdu… j’ai peur… J’ai quitté mon mausolée, j’habite en ville maintenant… Je pense que c’est lié au fait que Léo va quitter la maison, certainement, pour rejoindre un internat de Chambéry… Les images déjà s’effacent… En face de mon appartement il y a un grand théâtre italien avec une façade blanche, et une grande demeure avec un balcon, une véranda, des tentures et des coussins rouges, qui donne sur un paysage de montagne… Je sais que cette maison a un nom, mais j’ai oublié lequel, et je sais qu’elle est habitée par une ancienne star de la chanson… peut-être Ribeiro… On dirait le quartier de la Croix-Rousse, ou bien Montmartre… Il y a des restaurants assez chics, un salon de thé bio, mais le paysage mélange soudain la montagne et la ville… Je m’inquiète de l’argent que va coûter la location de cet appartement, et j’envisage d’en acheter un qui servirait pour les études des enfants, car Léo et Clément sont encore avec moi… Je ne suis qu’en transit… Je m’inquiète de l’argent… Puis voici que ma logeuse m’invite à boire chez elle du thé à la fraise avec du sucre, boisson infecte que je me force à avaler… Je sors… Il y a un rocher immense auquel je grimpe, mais j’ai le vertige… En face, je vois Clément escalader une falaise en à pic avec une agilité de chamois, et je lui crie de faire attention (ce rocher me rappelle le Queyras)… Je me dis on est bien ici, on a la montagne et les avantages de la ville, mais je suis inquiet, de plus en plus inquiet… Il est quatre heures du matin… Je trace ces mots en aveugle, parce que je me suis dit que je ne pouvais pas laisser disparaître ces images que je trouvais sur le moment si riches, si nettes, si précises, mais qui se défont à mesure que je tente de les retenir…

 

 

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