Vigie, juillet 2011

 

 

 

 

LE VENT DU SOIR

 

  

Ciel gris, vent tiède. Léo dort et tout le monde vaque. Resté seul dans la petite maison de Montluçon, je m’installe un moment comme j’aime le faire sur la terrasse. Ma grand-mère s’est allongée sur le canapé et dort, mais ses paupières baissées papillonnent étrangement comme si elles refusaient ce repos inhabituel. Même les tourterelles se sont tues. On n’entend plus non plus la voix de Léo qui, avant-hier soir, accompagnait en chantant les fastes lointains du grand feu d’artifice. Le vent fouette les herbes des pampas, fait tanguer les pins bleus, et sème une fois encore la confusion parmi les herbes folles.

Je ne prends la plume que pour prêter une oreille plus attentive au vent, un œil plus vif au mouvement du monde, et savourer autant que je le peux l’amertume et la douceur de ce qui, fatalement, ne peut-être qu’un des derniers moments passés en ce lieu de mon enfance.

Demain on repartira. La maison du Villard aussi, sans Léo ni Clément ni Nathalie, sera terriblement silencieuse. Mais bien plus terrible sera le silence qui tombera ici même : « Je prendrai des somnifères et je dormirai », dit ma grand-mère.

Une voiture passe. Clameur des klaxons d’un mariage quelque part au loin. Puis mon père qui revient

 

Montluçon, 16 juillet 2011 

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