Vigie, septembre 2023

 

Au printemps de l’automne

 

 

Le temps très clair, d’une grande douceur, donne envie de retourner promener sur les crêtes. Les noisettes et les jeunes bogues sur le sol donnent l’impression troublante d’une sorte de printemps de l’automne, d’une part parce que ces bogues sont d’un beau vert tendre et encore assez peu nombreuses, au début donc de ce mouvement qui nous amène inéluctablement vers un chemin bientôt tapissé de vieilles bogues douloureuses pour les coussinets de mon chien ; d’autre part, parce que la vision de ces noisettes m’a rappelé mon enfance, à une époque où il n’était pas concevable de voir des noisettes bien mûres et de ne pas les entrechoquer entre deux pierres pour les goûter.

C’est ce que je fais, finalement. Ah oui, j’avais oublié : celles qui tombent ainsi sont souvent vides, déjà visitées par quelques larves, ainsi qu’en atteste une discrète perforation… Je me rabats sur une noix encore trop verte. Décidément, c’est le printemps.

Le soleil de huit heures rallume les mousses et les fougères dans la pénombre du chemin creux. Pas de chevreuil dans le pré habituel en partie retourné par les sangliers. Ici ou là on s’affaire à la réfection d’un toit, aux préparatifs de l’hiver (qui vient donc après le printemps). La demi-lune s’efface dans le ciel clair.

04/09/23

 

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