Vigie, février 2012

 

 

DÉBÂCLE

 

C’est la débâcle. Pendant que meurt ma grand-mère, Léo et moi regardons fondre la neige et gonfler le ruisseau son nom.

Ce n’est certes pas la plus belle forêt ni le plus bel endroit de la vallée, « mais c’est mon endroit préféré, dit Léo, parce que c’est là où nous sommes venus le plus souvent ». Et puis : « J’aime bien descendre dans ce creux parce que c’est obscur… »

Les chiens Patawa et Ulysse rongent les branches et s’ébrouent dans l’eau froide. Léo franchit le pont qui surplombe le ruisseau, dans un sens puis dans l’autre. La magie de son regard d’enfant, la magie de cette parenthèse, comment la percevoir moi aussi ?

Plein soleil à travers les arbres nus. Chanson de l’eau.

« Dans un arbre j’ai vu un grand nid d’aigle. Je te le montrerai ».

Je retourne m’enfermer dans le bureau multicolore et me renfonce dans le texte.

Un autre soleil sans douceur.

Je reste face au mur, mais ne tourne pas le dos au monde. Au plus près de ceux-là mêmes dont je me tiens, pour un temps, éloigné.

  

29 février 2012

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

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