Vigie, avril 2012

 

  

L’ÉCRIVAIN DE DEUX ANS

 

Enfin la pluie éclate, une pluie violente, une pluie presque d’été qui fait danser le poirier et fouette les fenêtres. Clément se tient contre la vitre et répète : « Tu entends la pluie ? Tu entends ? » On allume les lampes. On respire, on lit les paroles de la pluie qui écrit sur le toit de la maison. C’est merveilleux. Voir Clément assis là sur le lit et qui répète : « a allumé la lumière dans bureau ! », est merveilleux aussi.

La pluie s’apaise, le tonnerre gronde puis s’éloigne. Clément se tient debout sur le lit, l’horloge sonne cinq heures (« entends l’oiseau ! ») puis se tait (« entends plus ! »). Clément, écrivain de deux ans, continue à dire à voix haute tout ce qu’il fait, redoublant et déformant un peu avec ses mots la réalité ordinaire : « ai posé des doudous au lit ! » dit-il en traînant le plaid bordeaux sur le lit pour s’y cacher…

 

3 avril 2012

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