Vigie, novembre 2009

 

 

 

LES COUTEAUX

 

 

Le jaune s’efface au profit du gris. On attendait la neige à La Table pour ce soir, on avait sorti pour elle les couverts en argent et les verres en cristal, mais elle n’est pas venue.

Nuit blanche et noire.

Arrachées à la nuit, ces bribes d’un rêve évoquant Madère : une grotte marine miroitant dans le bleu comme l’intérieur d’un gigantesque coquillage, puis la lumière d’une plage noire, une jetée, des bateaux à perte de vue, des éclairs, la mer criblée de pluie ; une grande quiétude montait de ces images, dont reste aussi ce haïku composé pendant le rêve, et que je reproduis tel quel sur ce support aussi incertain qu’un rêve :

 

L’enfant ouvre brutalement la porte

un couteau dans chaque main —

l’odeur de la mer !

 

(Il faut dire que les couteaux étaient, dans le rêve, d’une taille gigantesque : des coquillages d’un bon mètre !)

Que ce qui reste de nuit soit propice aux rêves marins.

 

Trois heures du matin, 10 novembre 2009

 

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