Vigie, novembre 2011

 

 

 

TROU NOIR

 

 

Cette année encore, on se demande si l’hiver viendra tant la douceur dure.

Aujourd’hui les enfants ont joué longtemps dehors. Ce fut un jour heureux. Il y avait Clara, Lucile, Martin, River, Léo et Clément. Peut-être en conserveront-ils dans leur mémoire une toute petite, toute vague et terne image – juste une sensation lointaine, poignante, qui leur piquera un instant le cœur d’une nostalgie sans fond avant de disparaître tout à fait. Ils ne se souviendront pas. En vieillissant ils chercheront, comme je le fais moi-même sitôt que je suis seul et que je prends la plume.

Pendant ce temps le Vieux Continent sombre dans une crise qui inquiète. On ne sait trop dans quel navire on se trouve embarqués, Titanic ou Méduse, mais on craint le pire. Et les proches, les tout proches, les tant aimés, de basculer paisiblement vers le lointain, vers le trou noir, avec un signe de la main…

Soudain la pluie s’abat sans qu’on s’y attende (on ne l’avait pas vue venir), comme pour souligner que c’était aujourd’hui l’apogée des vacances, la dernière fête d’automne. Tout maintenant peut paisiblement basculer dans le grand repli des mauvais jours.

 

1er novembre 2011

 

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