Vigie, octobre 2020

 

 

 

L’orage

 

 

Vigieoctobre01

 

 

 

Un ciel très noir, un horizon blanc électrique, et la marée des nuages qui déferle entre les deux comme mille chevaux d’écume : là-haut non plus les choses ne sont pas si paisibles, se disent de concert le petit arbre ballotté par le vent et l’homme qui regarde la scène.

 

Octobre pleut, vente, tremble, ruisselle, perd ses couleurs, en retrouve d’autres plus flamboyantes. Le soleil soudain frappe la cime du poirier sur laquelle se posent et s’envolent successivement une pie, un pinson puis toute une volée de chardonnerets qui s’égayent dans un bruit de bourrasque et de crépitement. L’orage est sur nous. Je vais, je viens. Je regarde la scène.

 

Évidemment le petit arbre ne « regarde » rien : on peut supposer qu’il perçoit cet orage, mais il ne le ressent ni comme un bienfait, ni comme une menace, et il se contente de rester là bien planté sur ses racines. Comme je ne suis pas un arbre, je ne peux en revanche pas m’empêcher de projeter sur ce tableau tourmenté d’octobre toutes sortes de sentiments : si je regarde côté Vercors je songe à la grande crise en cours, et comme tout un chacun je me demande si on s’en relèvera ; si je regarde côté Chartreuse je constate que le ciel n’est pas si noir, et me voici de nouveau plein d’espoir.

 

Je vais, je viens, je regarde la scène.

 

 

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