Vigie, août 2023

 

Retour au Fardellet

 

 

Le vent souffle sur le col du Niart. Alternance de chaud et de froid, soleil ardent puis nuages, un peu de pluie ce matin quand nous sommes arrivés au chalet, une belle averse au retour. Un vautour fauve frôle la falaise où deux jeunes bouquetins se prélassent, profitant de ce dernier jour de soleil. Ce qui touche, c’est l’extrême douceur de ces bêtes, de leurs faces, on dirait toujours qu’ils sourient. Au-dessus une étagne n’a pas bougé depuis deux heures, tantôt debout, tantôt couchée, mais toujours sur le même promontoire au soleil.

On a regardé passer le troupeau des étagnes et des cabris en contrebas. On a regardé passer les deux jeunes chamois dont l’un bêlait très fort, et passer aussi le gypaète juste à l’arrivée au col. On a regardé passer les nuages et le temps.

Finalement, j’ai quand même retrouvé ce chalet du Fardellet, après quelques hésitations. Le champ m’a semblé plus fermé mais les chardons sont toujours au même endroit et, hormis le vieux merisier dont il ne reste plus qu’un moignon et le bassin où l’eau ne coule plus, rien n’a changé. Comme il n’y avait personne, Clément, Léo et moi nous sommes abrités de la pluie pour manger avant la montée. J’avais oublié qu’il y avait toutes ces fermes, tous ces chalets le long du chemin qui va de la maison au Chemin des Stalés. Léo et Clément ont marché assez gaillardement, malgré le lever trop matinal, et se sont pris au jeu de l’identification de criquets.

C’est notre dernière marche ensemble avant le départ de Léo. Passe encore un vautour fauve dans le ciel gris. Je m’étonne de voir que le tout jeune bouquetin est seul, à présent, sans son frère que je cherche vainement aux jumelles – jusqu’à ce que ce que je me rende compte que ce petit bouquetin a quatre cornes au lieu de deux et que je finisse par repérer le frangin qui dort collé contre lui. Scène touchante. Les deux garçons pendant ce temps dorment aussi, pas collés mais à côté l’un de l’autre : leur belle entente se poursuivra à distance, tout bientôt…

Je pars seul grimper jusqu’au sommet de la Miaz, d’où j’ai sur mon passé une vue vertigineuse. Léo, pendant ce temps, photographie la très belle vipère aspic sur laquelle il a failli mettre le pied… La lumière fait briller les failles de la montagne d’où ruisselle l’eau des tout derniers névés.

Le retour est interminable, comme dans mes souvenirs, tant et si bien qu’à la demande de Léo on s’offre un bon restau à La Giettaz. Dernier repas à trois sous un grand parasol qui nous protège de l’orage. L’intelligence de Léo de nouveau me surprend. Retour dans la nuit, sous un rideau de pluie qui se referme sur cette ultime escapade.

 27/08/23

 

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