La salle en septembre

 

 

 

PASSÉE LA BARRIÈRE…

 

« Sitôt passée la barrière, les fantômes viennent à ma rencontre » (c’est là un carton du Nosferatu de Murnau qui m’a toujours fasciné) – vivants ! bien vivants ! Un demi-cercle de jeunes gens bien vivants, et c’est aussitôt la classe qui semble se reformer. Voici Maurine qui est maintenant en 1ère ES et me raconte ; voici Grégoire et Joseph, toujours copains cinq ans plus tard, et Lorette, Baptiste, Capucine, et Chloé encore dans l’escalier, et ceux dont les prénoms déjà se brouillent dans la brume de ma mémoire confuse !

Accoudé à la fenêtre du grand bâtiment rose qui est, me dit-on, un ancien phalanstère dont les vers à soie se sont métamorphosés en lycées (ne leur disais-je pas naguère, en Sixième, qu’ils étaient des « larves » en train de devenir papillons ?), je regarde les nuages et leur jeunesse qui passe, dont je suis maintenant loin et pour laquelle j’éprouve une fugace mais poignante nostalgie. J’ose alors les héler de là-haut − « Mais qu’est-ce que vous fichez là ?… » L’air est doux, ils vont et viennent, entrent et sortent, se promènent entre le long des allées dégagées, vont et viennent en devisant, vivants, bien vivants…

 

Pontcharra, 26 septembre 2016

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