La salle en septembre

LE HAVRE

Lehavresept2016

Un poète vivant, une poète en visite, en balade, en résidence même dans un établissement scolaire, c’est, dirait Claude Roy, comme une vache en liberté dans l’abattoir ? Ici on dissèque les vers, on détricote les textes, on jette l’obscur en pâture aux néons? − La poésie, en vérité, n’y est sans doute pas si mal traitée, ou plutôt mieux qu’ailleurs…

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Bienvenue dans ce havre, que je fais visiter avec autant de fierté que si j’en avais été l’architecte, tout à la joie et à l’étonnement de redécouvrir dans le regard d’autrui ce beau bâtiment dont les lignes suivent celles de la montagne, qui donne sur la montagne et donne surtout envie d’être là et de s’accouder non pour étudier mais pour simplement regarder la montagne. D’accord, c’est une île, un havre, un refuge − étant entendu que les îles sont promises aux tempêtes, les refuges tôt ou tard emportés par les avalanches et qu’il n’y a plus de havres…

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En plein cours ce matin-là, on s’arrête. La brume a envahi toute la partie basse de Bramefarine qui est encore dans l’ombre et fait avec les hauteurs ensoleillées un contraste vraiment saisissant. « Regardez la brume bleue ! » − Mais ce n’est pas de la brume : c’est la fumée de l’incinérateur qu’un coup de vent a ramené sur nous…

28 septembre 2016

 

 

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