LA NEIGE
Comme chaque fois cela commence par quelques tout petits points gris qui papillonnent dans l’air glacial de la cour, et que l’on fait mine de happer en ouvrant la bouche et en tirant la langue ; puis tout le ciel blanchit et on ne voit plus qu’elle – la neige.
Rageant, vociférant, renversant thé et trousses parce que nous sommes en train de lire « Le vin de l’assassin », je garde comme eux un œil sur l’averse. Pourquoi diable (diable) avoir choisi de « dire l’amour » avec « Le vin de l’assassin » ? En ce jour de neige j’aurais dû plutôt choisir L’homme de glace de Jean Morisset :
prière sur blanche-mousse
lumière réfringence
respiration du froid
sur la musique du silence
poudrerie assoupie de l’univers
et ta beauté qui sourit
de mille flocons
tu es la tempête de neige
la plus magnifique que j’ai jamais rencontrée
*
Tombe la neige, passe la nuit. Lorsqu’à huit heures trente les premiers élèves pénètrent dans la salle, le soleil trace au fond du paysage sur le sommet des Bauges un trait éblouissant, cependant que tout le reste de ce tableau tellement hivernal reste dans l’ombre ; puis l’ensemble du massif s’illumine, et la clarté gagne lentement Bramefarine, le parking, le Bréda, Belledonne. On en ressort ébloui et ravi.
10 et 11 janvier 2017