Vigie, décembre 2013

 

 

 

DÉCEMBRE

 

Vigiedécembre2013village

 

 

Il y a dans l’entrée en décembre une froide énergie. On a rallumé les lumières, les couleurs, les guirlandes. Le sapin bariolé trône au salon non comme un défi à l’hiver mais comme une façon de rappeler la persistance de la vie en hiver. Il y a ainsi dans décembre quelque chose d’une poussée printanière (et je me souviens ici de premier texte de mon premier livre publié, D’un hiver à un autre : « Décembre est un oiseau… », etc.)

À l’intérieur de la maison désormais cernée par la neige et la glace on se réjouit quand même — qui de la prochaine arrivée du nouvel accordéon Pigini, qui de celle d’une lapine noir et blanc rescapée du naufrage de T., et que les enfants veulent appeler « Carotte »… D’abord hostile, je finis par me laisser étonner par l’incroyable bizarrerie de ce rongeur aux oreilles démesurées qui ne cesse d’agiter son museau et me scrute de biais avec un air apeuré. 

Maintenant il est presque onze heures. Dana dort en rectangle contre la cage de la lapine, Patawa dort près de la cheminée. Les enfants aussi dorment et rêvent de lapin, de calendrier de l’Avent – peut-être d’accordéon.

Il y a beaucoup de rêves et beaucoup de joie dans cette maison, dans ce village-là.

Une joie profonde, fragile, cernée par la neige et la glace.

Quand je n’y serai plus résonnera encore l’écho de cette joie, fenêtre illuminée dans la nuit de décembre, enfants heureux, chant d’un accordéon…

 

1er décembre 2013

 

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