Route, mai 2013

 

 

LA TABLE

  

Retour en plein soleil. Deux collégiens à vélo m’évoquent curieusement la Guyane. Les tilleuls en plein soleil luisent. Les nuages éblouissants. Il y a soudain dans ce retour quelque chose de triomphal qui appelle en retour aussitôt de nouvelles ombres. 

Mardi soir Jean G. n’a pas pu assurer son spectacle. Pris de malaise il a été hospitalisé aux urgences et ne quittera l’hôpital de Saint-Étienne qu’en milieu de semaine prochaine. 

Long silence.

Puis de nouveau la route en plein soleil. L’horizon totalement barré de nuages gris bleu. Les hautes herbes, les feuillages. On sent l’été. Il fait à peine 13° mais on sent maintenant qu’on est en train de sortir de ce printemps sans printemps. La vallée s’élargit. Des faisceaux de lumière éclairent de ci de là des pans de montagne, de forêts, de prairie. On se réjouit de rentrer. On rentre chez soi. Cette vallée est bien ma vallée. Elle est douce et bonne à regarder, à parcourir. À remonter. Je me souviens du bonheur éprouvé les premières fois où j’ai parcouru cette route pour rentrer dans cette maison, la première maison dont on pouvait dire qu’elle était la nôtre. Ce que j’aimais surtout c’est le caractère très progressif de la montée. Peu ou pas de virages en épingle, mais une route presque rectiligne qui épouse avec douceur la pente. Ce bonheur-là n’a pas changé. Je le ressens ce soir cependant avec plus d’acuité, peut-être à cause de soleil intermittent (déjà ravalé par les nuages), ou bien à cause des carnets de mes élèves, ou de la fin de l’année qui rend toujours fébrile, ou de l’heure plus tardive qu’à l’ordinaire. Je rentre chez moi. Voici la Table, le Villard de la Table, le village où j’ai posé ma table. Mon havre. Mon ermitage.

 

30 mai 2013

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

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