Vigie, décembre 2012

 

 

 

LA PORTE BLEUE

 

Vigiedécembre2012portebleue

 

La porte bleue s’ouvre et se ferme en grinçant (écrire pour en huiler les gonds). On entre dans l’antre des mois noirs. Les longues nuits sont revenues. Les troupes de pinsons du nord, de mésanges, de chardonnerets ou de ces rares bouvreuils qui, tout à l’heure encore semblaient faire renaître l’automne aux branches nues des bouleaux, ont déserté. Le jardin est silencieux et sombre comme une grotte, au fond de laquelle les arbres ressemblent à des concrétions.

On imagine au-delà (non pour s’échapper du gouffre mais pour en jauger la profondeur) la course furtive des renards, les traces laissées par l’invisible lynx, le chant des loups, l’œil inquiet des cerfs et des chevreuils obligés de redescendre vers la plaine, la résignation des bouquetins et des chamois — et tout cela, cerné de silence et de nuit.

À l’intérieur des maisons on ressort des simulacres d’arbres verts qu’on pare de couleurs, et l’on fait cercle autour : c’est ainsi qu’on habite la caverne de l’hiver.

 

1er décembre 2012

 

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