Vigie, janvier 2012

 

 

 

UN ÉVEIL

 

Temps très froid, très gris, très hivernal. Clément arpente le bureau où j’écris et fait sonner le gong avec une satisfaction évidente, puis se tourne vers moi: « Papa, regarde, papa ! »

 

Depuis que j’ai repris l’écriture les journées sont plus amples. Les moments passés à écrire creusent de larges plages d’errance et d’espace, et n’entrent nullement en conflit avec les autres moments de la journée. Mieux : ils les illuminent. J’écris sans gravité ni légèreté. Les enfants peuvent m’interrompre. Je plonge dans le présent de mon passé, ou le passé de mon présent, sans ternir la présence. Après une heure ou deux occupées à écrire tout parait plus clair, plus propre, plus net, plus grand. Même les petits désirs ordinaires semblent pris dans la ronde d’un plus vaste désir. Même les cours, le travail au collège.

Pour la première fois peut-être (et cela n’implique absolument pas que cela puisse durer au-delà de ces quelques jours) la présence semble continue, la pratique infuse jusque dans les moments les plus insignifiants. Comme une sorte d’éveil l’écriture m’accompagne et souligne les angles, ravive les couleurs, nimbe le quotidien d’une lumière discrète, d’une tendresse manifeste. C’est ainsi. Quelque chose s’est débloqué, déployé. Il n’y a qu’à suivre le mouvement.

 

19 janvier 2012 

 

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