Vigie, mai 2011

 

 

LA PLUME D’OR

 

 

Nuit d’été, temps d’été, très chaud et précaire jusqu’à la fin mai au moins (jusqu’à la fin). On garde les fenêtres ouvertes.

Le toit est terminé. Parfois un craquement. On est armé pour la prochaine neige — quelle prochaine neige ?

Silhouette noire du poirier sur fond de nuit gris bleu. Un chien jappe. Clarine et grillon. C’est toujours la même nuit d’été. Absolument nouvelle, et belle.

Cette pièce est belle. L’harmonie y règne, et je repense aux années d’attente et d’errance qu’il a fallu traverser pour l’atteindre. Je repense aux chambres d’enfance, aux chambres de Ferney, de Chambéry, de Lyon et de Guyane — et cette pièce-là les rassemble toutes comme un rêve.

Le ciel s’assombrit.

Le vent mugit.

J’écris.

Cette plume dorée reste liée, c’est vrai, à l’annonce de la récidive du cancer (maintenant le mot ne fait plus vomir, c’est bien); j’avais trente ans et je tremblais ; maintenant je ne sais plus, je tremble tout autant mais je compte moins, et je glisse mieux, nous glissons mieux tous les deux…

 

23 mai 2011

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