Vigie, mai 2011

 

 

 

NANT DE LA GUIRE EN MAI

 

 

Comme dans l’interminable romance de Prévert tout recommence en mai, avec quelques nuances. À nouveau j’ai tendu entre deux souches le hamac vert en nylon et suis venu ici me noyer de forêt. Allongé au plus près du torrent (on ne parle plus de crique), je reprends la même activité inactive que naguère, le même guet impassible, avec la même chienne elle aussi tapie parmi les fougères. L’enfant, ce n’est plus Éliton mais Léo, qui patauge à moitié nu dans l’eau froide (on a prévu le change). On ne transpire pas. Tout est doux. Le ruissellement assourdissant de l’eau est le meilleur des mantras, qui emporte avec lui tout le bourdonnement mental ordinaire. Seuls les pleurs de l’enfant, qui travaillait à son « barrage secret », qui est tombé et qui proteste contre la pierre qui l’a écorché, l’interrompt un instant.

 

6 mai 2011

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