Vigie, juin 2008

 

 

 

NUIT FROIDE

 

 

 

Nuit froide et trempée de brouillard et de bruits d’eau – on sent que quelque chose fuit quelque part. Le chien d’en-haut aboie interminablement. À l’intérieur de la maison si vide à cause de l’absence de Nathalie et Léo, il ne fait pas plus de quinze degrés. Les silhouettes sombres des arbres et des toits se détachent encore sur ce fond de brouillard bleuté, mais on n’y verra bientôt plus goutte.

 

*

 

Cette nuit de juin

sans lune sans lueurs

plus froide qu’octobre.

 

 

Même le chien se tait

l’horloge des gouttes d’eau

prend le relais.

 

 

S’agitant dans son sommeil

est-ce que la chienne se soucie

de l’averse froide ?

 

 

Les phares d’une voiture

creusent soudain la vallée

aux flancs assombris.

 

 

Que dire de ces lilas

fanés, défaits, humiliés

livides ?

 

 

Averse nocturne

au-dedans la solitude

semble délectable.

 

 

Averse nocturne

mon reflet la chienne et moi

en soupirons d’aise.

 

 

*

 

 

Je travaille aux premières pages de L’éloignement, ce qui accroît la sensation d’étrangeté qu’il y a à être assis là en cette nuit si étonnamment froide, et me procure une sorte de quiétude sans insouciance. Avec beaucoup de temps, de patience, de persévérance, je me dis que ce pourrait être un grand texte.

 

« Tant de choses à vous dire, tant de choses vraiment, et qu’il ne peut suffire de garder au-dedans ! »

 

Pour l’heure il pleut encore et toujours. On ne voit absolument plus rien. Il est temps d’aller dormir, d’aller rêver de cette nuit, de ce village, de cette montagne et de ce texte en gestation.

 

5 juin 2008

 

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