Vigie, juillet 2009

NOTES DE MON HAMAC

Une chaleur lourde pèse sur nos épaules et rend toute agitation pénible. Bientôt le vent des crêtes agitera un peu les roses trémières et les branches couvertes de prunes jaunes, mais pour l’heure il fait si moite… Rien ne bouge, si ce n’est les franges du hamac. L’été est là, qui glisse en laissant peu de traces. On est parti en vadrouille à Thoiry chez Annie, au muséum d’histoire naturelle de Genève, et l’on a retrouvé aussi les alpages de Narderan et les chamois du Reculet. Demain ce sera une fois encore Montluçon. Mais aujourd’hui c’est relâche, temps blanc, temps moite.

Assis dans le hamac, une pile de bouquins à portée de main, on se dissoudrait volontiers dans cette lumière blanche, à l’image de ce papillon blanc qui, après avoir papillonné un moment au-dessus du gazon sec, s’est posé sur une grosse fleur blanche du potager où il a disparu.

Nathalie et Josette se prélassent et palabrent dans l’autre grand hamac rouge délavé : je dessine leur silhouette dans un coin du carnet. Patawa aboie sans grande conviction. Léo est accroupi sur son grand-père et mange un biscuit (« Papi, je mange mon biscuit sur toi » — cette façon de toujours verbaliser ce qu’il fait me montre une fois de plus les points communs qu’il peut y avoir entre les manies de l’enfant et celles de l’écrivain).

Il fait doux à l’ombre des arbres. Ciel sans nuage. Vent dans les bouleaux. (Huit ans plus tard je revivrai cette scène presque à l’identique, et ce sera la toute dernière fois.)

Les Vellats, 13 juillet 2009

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