Vigie, octobre 2008

 

 

 

LA NEIGE

 Vigieoctobre2008neige

 

 

Avec le changement d’heure la nuit vient vite et on bascule dans le premier mouvement de l’hiver. On annonce la neige à quatre-cents mètres. Pour l’instant il pleut en silence. Va-et-vient feutré des chats. Une toux étouffée. Le bourdonnement d’une mouche.

Dans ce livre que je n’écrirai certes pas avant l’hiver, ne pas oublier de courir plusieurs lièvres à la fois. (Relisant sept ans plus tard cette phrase, je constate que je n’ai vraiment pas oublié, que c’était donc vraiment voulu et, en un sens, nécessaire, même si on a pu m’en faire le reproche.)

 

*

 

Première neige !

Tout est blanc et il neige à petits flocons drus.

Cette boule de neige qui sautille dans le sapin est une pie.

L’enfant s’exclame : la néné ! la néné !

Il neige à gros flocons drus, sans interruption depuis près de deux heures.

Les mésanges s’affairent sur le poirier.

C’est la première neige, qui ramène à la maison deux samoyèdes blancs égarés qu’on recueille et qu’on nourrit jusqu’à ce que leur maîtresse vienne les chercher…

 

*

 

Pour la première fois me voici assis dans mon futur bureau de sous les toits, face à la fenêtre, écrivant sur la table fraîchement lasurée. Dehors il neige encore à gros flocons serrés. Le temps est devenu glacial, la couche de neige est bien plus épaisse que ce à quoi on s’attendait. Le paysage disparaît. La neige qui recouvre la fenêtre de toit ne laisse plus passer qu’une lueur grisâtre, et l’on se dit enseveli.

Long silence.

L’averse redouble…

 

27, 28 et 30 octobre 2008

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

 

 

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