Vigie, janvier 2024

 

Cadence parfaite

 

 

Le vent se lève et le temps très gris, très doux, s’affole un peu comme s’affole la chienne qui retrouve son confrère Rimski sans pouvoir jouer avec lui. Aujourd’hui je prends sans y songer (ce sont nos pieds et nos pattes qui choisissent) l’itinéraire qui monte sur la colline puis redescend par le grand champ d’où la vue est la plus dégagée et d’où l’on entend tout de très loin. La rumeur du jour emplit le fond de la combe, mais l’on entend aussi le bruit de je ne sais quel instrument de travaux qui sonne comme un wood-block ou un pic géant tapant sur un tronc mort en produisant un son très frais, printanier, matinal, alors que l’après-midi touche à sa fin.

Autour de la gouille les saules nus prennent à la tombée du jour une teinte gris-bleu de léger brouillard. Le vent agite les joncs et fait trembler l’eau. Dans l’herbe je ramasse alors une bouteille de mauvaise bière jetée depuis la route. Je la porte pour aller la jeter en rentrant dans la benne du tri, mais le vent la fait siffler d’une façon qui s’accorde si bien au wood-block des travaux que j’en reste pantois, car ce déchet ramassé vient de m’offrir la cadence parfaite qu’il fallait à mon escapade.

03/01/24

 

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