Route, juin-Juillet 2014

 

LES MARTINETS

 

Ce mardi de juin. Ciel gris clair, route gris sombre. Les premières pêches trop tôt tombées s’y écrasent. La paille cerne les vaches. Une écolière en rose, surveillée de loin par un chien noir qui est peut-être le sien, attend encore le bus. Bientôt, et pour plusieurs semaines, plus aucun écolier n’attendra ainsi au bord de la route. Assis au bord du pic de l’Huile avec son chien, un promeneur regarde de très loin les toutes petites voitures qui montent ou descendent la route de la vallée. Son regard ramène ainsi les choses à une plus juste échelle : le bipède à quatre pneus entouré, protégé par sa carcasse par sa pesante carcasse métallique, n’est ainsi par rapport à la montagne et à la forêt, pas plus grand qu’un trichoptère à fourreau au fond d’un ruisseau.

Maintenant les champs ont bien jauni et les fleurs blanches de ces plantes dont j’ignore le nom mais qui tapissent les sous-bois ainsi que le bord de la route, les fleurs blanches aussi ont pris cette même teinte jaune qui, plus encore que le vert profond des feuillages, évoque l’été. Traversant La Chapelle du Bard, la voiture suit pendant quelques mètres la course d’un martinet — plus exactement, un martinet s’amuse pendant quelques mètres à précéder la course de la voiture. C’est ainsi qu’on joue une des dernières fois avant longtemps, les martinets.

On laisse à main droite une maison en construction — un homme se tient debout sur fond de ciel gris, qui monte les premières poutres du toit. Lorsque je reviendrai par ici la maison sans doute sera construite.

mardi 22 juin 2014

 

Ce contenu a été publié dans 2014. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.