Route, juin-Juillet 2014

 

LE MÊME CIEL

 

Le ciel bleu pâle s’est presque entièrement vidé de ces traces qui, hier soir, nous avaient tenu longtemps la tête en l’air. Ciel ainsi effacé, ardoise propre et nette de la fin des classes.

Des traces, il en reste à lire sur le sol, dans les sous-bois. Sur le vieux mur de la vieille maison où le crépis s’écaille aussi — et dans les yeux de cette très vieille femme qui ouvre ses volets et me regarde passer avec un air que l’âge sans doute rend inquisiteur, je suis aussi une trace, un signe indéchiffrable, peut-être un écho des années envolées, le souvenir d’un fils, d’un mari ou d’un frère.

Maintenant on file à découvert. Le soleil frappe sur la carrosserie et projette dans l’ombre des bas-côtés des rayures lumineuses. Sur l’abribus en bois la petite affiche déplorant la disparition du chien fait un rectangle lumineux. Cet animal roulé en boules devant la maison toujours à l’ombre du fond de combe, c’est un mouton ma parole ? Un mouton, ou une tonte de moutons car la bête ne bouge pas… Les vieilles pierres se réchauffent au soleil de huit heures. Un seul paysan dans ce champ trop grand pour lui ; la campagne paraît déserte.

Puis voici la paix pas si trompeuse du village lové dans le creux des collines. Il y avait la même lumière d’été le jour où je suis venu ici pour la première fois. La même douceur. Le même ciel bleu pâle.

1er juillet 2014

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

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