Route, novembre 2013

 

 

 

LES OS ET LA NEIGE

 

 

Quatre degrés, la pluie partout, et là-haut la neige dessine une sorte de squelette en blanc sur fond noir, ou bien une carte un peu sinistre. La route jonchée de feuilles trempées est aussi glissante que par temps de verglas. On avance prudemment. Les essuie-glaces font un bruit brutal, qui balayent ce paysage sans Bauges ni Chartreuse. Les soleils défaits pendent au bord de la route. Parfois on est tenté de regarder le pare-brise criblé de pluie et non la route — peut-être pour ne pas voir le cadavre de ce jeune renard, gueule ouverte sur le bas-côté. Je bifurque en direction d’Arvillard. Cette fois les mélèzes ont vraiment commencé à jaunir ; leur livrée demeure cependant incomplète, encore maculée de vert.

Longeant le cimetière je pense à tous ces cadavres enterrés là-dessous.

Une cheminée envoie sa fumée noire dans le ciel très gris.

La pluie redouble.

Toute la combe d’Allevard est dans le brouillard. 

 

4 novembre 2013

 

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