Vigie, janvier 2010

 

 

 DU PRÉSENT

 

Un pan de ciel bleu se découvre à l’horizon des crêtes ; puis le soleil illumine la table, le bureau. La pluie a cessé, qui fait fondre la neige. On se laisse porter par ces jours d’une douceur presque excessive. Je ne parle plus. Léo pose les mains sur le ventre de sa mère et chante une berceuse à son futur frère. On joue ensemble dans la neige, on regarde les oiseaux à la fenêtre, on cuisine. Tout est paisible. On est à huit mille kilomètres de Port-au-Prince. On ne peut rien rêver de plus doux ni de plus paisible sur cette terre sûre et stable.

Je donne en pâture cette douceur à tous les démons de nos délires. J’offre en partage cette tendresse à tous les démons de nos désirs. Et cette lumière dorée qui brille dans ma main, sur la plume et la page, puissé-je la porter en mon cœur et la propager.

Je n’ai rien fait pour mériter tant de bonté et de douceur (rien non plus pour, plus tard, en être privé) ; mais je peux au moins essayer de ne pas être indigne du présent.

 

17 janvier 2010

 

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