Vigie, mars 2009

 

 

UN FORÇAT HEUREUX

 

 

Naguère les bagnards ayant purgé leur peine en Guyane étaient tenus de passer encore le double du temps de ladite peine dans ce pays que l’administration française rêvait de peupler. Libéré autant qu’on peut l’être à l’issue de ces sept années de Guyane, forçat heureux de l’écriture, me voici donc condamné à revivre pendant quatorze années au moins les heurs et malheurs de ces vertes années. J’aurais mauvaise grâce de m’en plaindre.

La figure de l’indien dominera les trois parties du texte, mais avec un degré croissant d’abstraction et de profondeur.

1. Les Wayana tels qu’ils étaient en 2000 (cela a dû empirer depuis). Faire le parallèle avec ce que raconte André Cognat. Une étape plus avancée de la perte des repères, avec le collège comme élément moteur ou facteur aggravant de l’acculturation.

2. Les Palikour plus ou moins clochardisés de la côte — ou ce qu’il reste d’une vision du monde, d’une culture, quand tout le reste, rites, langue et connaissances, a disparu.

3. L’écrivain contemplatif face à son manguier, qui tente de vivre à sa façon, de mettre en pratique les bribes de savoir qu’il a accumulées lors de ses  expériences précédentes. La possibilité d’une vie plus vaste. L’Indien intérieur.

Hier, c’était l’enterrement de Bashung et, avec lui, de pas mal de souvenirs d’adolescence. Aujourd’hui belle journée de printemps froid, avec le givre sur la fenêtre de toit. 

 

 21 mars 2009

 

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