Vigie, mars 2010

 

 

 

L’AMOUR

 

Nuit de pluie, crépitement continu sur la fenêtre de toit. Une plage de silence pluvieux. Ici commence ce nouveau carnet de l’habitation — on voudrait dire de l’éveil. On forme les vœux d’usage : puissé-je cheminer sans lambiner sur le sentier étroit de l’éveil, pour le bien de tous les vivants ! Puisse-t-il être beau, ce chemin-là.

Et puis parce que le temps s’y prête je replonge dans les carnets d’autrefois et constate sans grand étonnement qu’ils auraient pu avoir été écrits aujourd’hui. Je retrouve ces notes griffonnées en hâte à propos du Village des pruniers, des séances de zazen que je suivais à Lyon, des marches le long du Rhône, à Pragondran, en Bretagne… Mais ce qui m’émeut soudain jusqu’aux larmes, c’est ce billet oublié, plié entre les pages :

« Pragondran, le 22 septembre 1997. Encore une bien belle journée. Il fait chaud (j’ai l’impression de ma tête va exploser !), je suis un peu fatiguée mais qu’est-ce que je me sens bien ! Aussi légère que le petit papillon blanc qui vole au loin. Voilà ! Je t’embrasse très, très, très fort ! »

J’allais tantôt écrire, pour la centième fois, qu’il n’y a rien de plus beau que la pluie qui tombe ; finalement, si.

 

27 mars 2010

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