Route, décembre 2015

 

 

 

LA PANNE

 

Routedécembre2015lapanne

 

Parfois sans soleil ni givre

ni nul obstacle extérieur

je ne vois plus rien et doute

avoir jamais rien su voir.

 

Je m’exaspère de ces lignes

que je trace par bravade

ou parce que j’espère

grâce à elles voir à nouveau.

 

Ce n’est peut-être

qu’une question de patience,

de chaleur, de souffle

comme pour la buée du pare-brise

qui peu à peu fait place

à ces autres lignes 

dont la netteté me nargue

de la montagne ou des fils ?

 

Je m’accroche alors

à ce que je vois

et murmure :

 

« Cheval blanc galopant dans le champ blanc,

renard furtif, bouleau à terre,

vieux châtaigniers, vieille ferme, fumées,

n’avez-vous rien à me dire ?

− Rien de bon, répond le verglas

sur lequel je fais une embardée

− Rien du tout » fait la fumée

de l’usine indéchiffrable.

 

Bravant la panne

et le soleil de face

j’avance quand même

jusqu’au bout du soliloque.

 

3 décembre 2015

 

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