NOTES DE LA ROUTE AVENTUREUSE
Soubresauts dans le rétro
percuté depuis peu le chevreuil
agonise.
L’air perdu la vieille femme
m’a demandé doucement
si elle habitait bien ici
(« Mais Madame, je ne sais pas! »)
Soubresauts dans la carcasse
de la voiture qui renâcle
en montée.
Je repars sous la fine faucille de la lune et le ciel pâlot.
Trois chevreuils maintenant courent à travers champ, qui coupent la route au virage.
La voiture crisse à chaque coup de frein, « à cause de la rouille » (m’a dit le garagiste).
Les fumées de l’usine donnent au carrefour une allure vraiment infernale, ce matin.
Givre dans les champs, brume au ruisseau, la vie nous file entre les doigts.
Je parle pour me persuader que je suis encore là.
Givre et brume, petit départ, petite vie bien peinarde, bien précaire.
Je parle, je repars, laissant les silhouettes se perdre.
Circulation alternée.
Chaussée déformée, rétrécie.
Virage dangereux.
Arrêt à cent cinquante mètres.
Je suis la route sans obstacle, sans histoires
et pourtant au fond toujours tellement
aventureuse…
7 décembre 2015