Matin de neige
Une neige très fine tombe sur le village. Le froid resserre les pores de l’attention. Embusqué derrière la trappe, le chat épie le rouge-gorge qui, comme à son habitude, sautille devant ma fenêtre à l’endroit où je jette les miettes des repas. Comme est touchant encore ce spectacle du rouge-gorge fouillant les feuilles sur fond de grésil.
On s’enfonce dans des jours sans perspective, à cause de l’horizon bouché et des circonstances banales de la vie. Il y a, dans cette absence de perspective, quelque chose de funèbre et de reposant. L’envie ou la crainte de partir s’estompe en même temps que les montagnes. On ne rêve que de prés blancs, de rouge-gorge sur fond blanc, de la page blanche d’un présent blanc.