Café froid
Dans la cafetière délaissée le café a refroidi sans que personne ne le boive. Des beaux feux allumés ne restent que cendres et poussière : de sales cendres, et une poussière tenace qu’on peine à faire disparaître.
Les deux mains sur les barreaux glacés du portail, la femme en pleurs regarde partir l’homme comme un chien regarde son maître s’en aller. Le givre sur les vitres de la voiture introduit dans cette scène cinématographique en diable ce qu’il faut de suspense : l’homme gratte le pare-brise, embarque, démarre, ressort pour poursuivre sa tâche, et tant qu’il reste du givre on peut croire en la possibilité d’un retour ; mais l’homme a fini de gratter, ou le givre a fondu sous l’effet du chauffage, et la voiture bientôt s’ébranle et disparaît.