Les chaussures
« Moi mes souliers ont beaucoup voyagé… »
Félix Leclerc
On s’attache aux objets, cela n’a rien d’étonnant tant l’homme se projette, se projette… On s’attache même à des godasses, van Gogh et Félix Leclerc ne me démentiront pas, et tout particulièrement à des chaussures de marche qu’on a traînées aussi onze ans durant sur tant de sentiers.
Les dernières escapades dans la neige, en Chartreuse, au Grand Arc, ont eu raison de la semelle en caoutchouc – il me semble qu’autrefois les chaussures de montagne étaient bien plus résistantes. Je les sais irréparables mais ne me résigne pas à les jeter, ni à en acheter d’autres auxquelles mes pieds ne pourraient de toute façon pas s’habituer avant un certain temps – et le temps des randonnées d’été serait passé, à quoi bon ?
Je tente quand même d’affreux rafistolages, afin que nous fassions ensemble les dernières marches de l’été, cette escapade dans le Queyras dont je doute soudain qu’elle se fera – qu’on me flagelle, je marcherai pieds nus sur les cailloux s’il le faut…