Vigie, août 2019

 

 

 

Le parasol

 

 

Parasol 

 

 

Aujourd’hui comme naguère, seul sur la terrasse du sud face au soleil couchant, je savoure l’air piquant de ce début d’automne, le calme de ma retraite, je savoure comme le font les chats, ou comme, jeune homme, je le fis sur la terrasse du chalet de La Giettaz, et deux choses me sidèrent : que je n’aie pas compris alors, moi qui me targuais d’être sensible à la fuite du temps, le don inouï que c’était d’avoir vingt ans (le même reproche pourrait m’être adressé dans vingt ans par celui que je serai) ; que je n’aie pas, aujourd’hui, le même âge, alors que rien n’a vraiment changé au-dedans ni presque au-dehors – le soleil est toujours là, la lumière de ces fins de journée interminables des fins d’étés laisse toujours pressentir l’éternité, et c’est à peine si la crinière de mon « cheval au cœur éclaté » a blanchi…

Seul au soleil, savourant, écrivant. Hier la solitude m’a laissé sans force, et la voici redevenue sans crier gare une compagne débonnaire, plus fiable que l’autre, qui me ressert le thé et me caresse la nuque. Les hirondelles dansent dans le ciel bleu profond. Babillements. Rumeurs. L’orange vif du parasol offert autrefois par ma mère m’est un second soleil. J’ai bien écrit, bien saxophoné et accordéonné, bien respecté l’Emploi du Temps que je m’étais fixé. Le Temps, bien employé – employé à écrire – est un allié.

 

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