Vigie, juillet 2020

À l’affût

 

Vigiejuillet202004

 

Il ne faudrait pas croire que l’insouciance est de mise, que toutes les barrières sont tombées, que les pommes du verger sont désormais sans vers et le mal terrassé, bien sûr. Il y a quelques heures à peine je ne voulais plus venir, plus sortir, plus vivre, terrassé moi-même par mon mal ; et puis, je suis venu au rendez-vous des bêtes et des bois parce que, comme le chantait de façon si touchante Annkrist, « je crois encore en l’amour fou » malgré toutes les « prisons du monde », et me voici embusqué pour la nuit parmi les feuilles, roulé en boule dans ce trou de chevreuil (car ce lieu est manifestement celui qu’ils choisissent pour dormir), à l’affut de la lune et des bruits du monde, inquiet, serein, tremblant, rasséréné…

Soudain, quelqu’un crie dans la nuit et je crie. « Ce n’est qu’un cri, rien qu’une turbulence », mais qui crie ? Qui aboie ainsi après moi ? Qui m’en veut d’être là et voudrait me chasser ? – Le chevreuil, aussi effrayé que moi, légitimement proteste (je suis en quelque sorte installé dans son lit), mais passe son chemin…

 

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