Trois rêves
On vient de me rendre une copie ornée d’un grand point d’interrogation rouge et la mention « hors-sujet ». Le sujet en question, assez confus, porte sur les rapports entre l’enseignement et les arts, notamment la musique de Gershwin. J’ai considéré que Gershwin n’était qu’un exemple parmi d’autres, et donc traité des arts en général en ne consacrant que quelques lignes au compositeur – ce que le correcteur n’a pas accepté. Je suis si scandalisé que cela me réveille en sursaut.
« Nous n’avons plus le temps d’imaginer le pire ». Il faut partir. Il faut d’une manière ou d’une autre que l’humanité évacue la Terre, parce que le monde est en fait occupé depuis toujours par des chauves-souris géantes et pensantes qui ont creusé et façonné à leur convenance toutes les grottes, mais que les activités humaines perturbent tant qu’elles ont décidé de nous éradiquer. Elles sortent de toutes les failles, des grottes et des caves, elles descendent des montagnes, elles attaquent les villes. C’est un rêve épique, avec des batailles, des cavalcades, des fracas d’ailes, de cris et de lames qui finalement me réveillent.
Nous sommes dans un grand hangar. Sur un immense chariot métallique de deux mètres de haut par trois mètres de large qui compte plusieurs étages, sont entassés des enfants-déchets sélectionnés pour être éliminés. Quelques-uns pleurent, la plupart attendent sagement. Des parents sont également présents. Je suis avec un ami qui vient dire adieu à son jeune garçon. Les enfants ne savent pas qu’ils vont être tués, mais comme des bêtes à l’abattoir le pressentent. Mon amie Marie-P. est présente aussi, qui veut offrir un gros ours blanc en peluche à l’un des enfants. Celui-ci refuse. Il est encore tout petit mais il s’exprime comme un adulte, et motive son refus en lui disant qu’il vaut mieux qu’elle le garde en souvenir de lui. L’horreur de la scène finalement me réveille. (Élodie)
