Vigie, juin 2023

 

Palindrome et chevreuil

 

 

J’ai tardé, trop tardé avant de partir en balade. Ce n’est pas de ma faute, il y avait le grillage encore à finir de clouer au poteau, et puis j’avais du mal à respirer tant l’air était chaud, asphyxiant, chargé en graminées. Le temps que je me décide à sortir et que Rimski accepte de venir s’asseoir pour que je lui passe le harnais (soit deux fois dix minutes), tout a changé. Un bon vent rafraîchit mon front sur lequel ne perle nulle sueur. Pour la première fois depuis un an j’ai revêtu un short et cette curieuse sensation de l’air sur mes jambes me ramène en enfance. Quelquefois, assez souvent, je voudrais bien être encore un enfant, ou tout au moins retrouver l’enfance de mes enfants, le temps où Léo était ce petit garçon avec qui je jouais en duo de beaux morceaux d’accordéon, mais je radote, je sais que « radoter » nous piège dans la roue de son palindrome, et je tourne en rond, tourne comme tourne le vent, le sentier ou la phalène rouge sur la scabieuse mauve tirant sur ce violet pas du tout fuchsia comme celles de l’autre jour (et je suppose qu’il s’agit d’espèces différentes).

Je bifurque néanmoins du côté de la Martinette pour voir si Élodie veut continuer avec moi cette balade d’avant l’orage. La voici bientôt qui me rejoint en courant dans les hautes herbes, drôle de chevreuil un peu chamois, un peu gazelle, dont l’approche affole Rimski… 

04/06/23

 

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