La salle en novembre

 

 

LA SALLE À LA MER !

 

 

Eau froide, froide, eau noire

ne pas y boire

ne pas plonger

reflux

refus.

L’eau dans la forêt

accueille des arbres

tous les reflets

les bêtes s’y glissent

un serpent mort

y pourrit.

Cataracte

bruit de chute

chut !

regarde-moi

entrer dans l’eau sombre…

Où est l’eau ici ?

les yeux des élèves

en sont pleins

l’eau des corps

l’eau dans ma tasse

et au-delà de la salle

l’eau des champs

l’eau des mousses

l’eau qui assombrit et parfume

le bitume du parking

l’eau étale du Bréda

que frôlent les cincles

l’eau du ciel ! l’eau du ciel –

la salle est à l’eau !

 

Le vent le vent les vagues

la Grande Vague au large de la Salle

la tempête la tornade

le vent le vent et les vagues

sous l’eau

sur l’eau

violence violence

la vague t’emporte

tu luttes tu

te débats et tu

respires le sel

sur l’eau

sous l’eau

le rouleau t’emporte

sous l’eau

impuissant

puis te voici sur ce rivage

déporté

naufragé mais

vivant.

Dans le bateau de la salle bleue, on file en notre habituelle illusion de fixité. Par les hublots, les baies vitrées, file le monde. La tempête est passée, la tempête arrive. Est-ce que je saurai nager ? Le bateau bouge. Le lino bleu bouge, bouge, bouge. Toute la salle tangue…

 

28 novembre 2016

 

 

© Lionel Seppoloni, tous droits réservés.

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